LIVE REPORT DU HELLFEST 2017

Texte par OLIVIER CARLE, Photos Philippe Archambeau,

Rendez-vous incontournable du mois de juin, cette nouvelle édition du Hellfest était la 12ème au compteur et la 9ème me concernant ! Pas la programmation la plus excitante du siècle à priori notamment au niveau des Mainstages avec les pseudo « adieux » (à la Scorpions !) de Deep Purple et d’Aerosmith et la venue d’un groupe pas très « métal » à savoir Linkin Park. Au final on verra que les grands gagnants ne sont pas forcément ceux qu’on attendait et le Hellfest réserve toujours son lot de surprises et d’intéressantes découvertes…

Pas d’énormes changements pour cette cuvée si ce n’est une circulation plus fluide devant les Mainstages grâce à un agrandissement côté droit de la taille d’un terrain de foot quand même ! La grande roue si controversée est toujours là mais pas de tyrolienne cette année. Le décor près de la Warzone est devenu encore plus apocalyptique avec l’arrivée de l’hélico accidenté venu tout droit de l’ancien coin V.I.P., d’un avion et d’un camion militaire. En ce mois de juin caniculaire l’installation d’une zone de brumisation couverte a fait la joie des festivaliers et le coin n’a pas désempli. Il faut dire que ce Hellfest se révèlera être le plus chaud de toute l’histoire du festival ; l’ombre deviendra vite une denrée rare et très recherchée et l’eau viendra vite à s’épuiser aux robinets…

Mais venons-en à la musique…

Le vendredi, une fois n’est pas coutume je commence par ma scène préférée hors Mainstages à savoir la Valley toujours dédiée au rock lourd : stoner, doom, sludge etc. C’est Noothgrush qui remplit d’emblée mes esgourdes de son sludge envoûtant. C’est lourd, très lourd mais ça fait un bien fou d’attaquer ce Hellfest avec ces talentueux Américains ! Mon morceau préféré restera « Hatred For The Species » qui résume bien la haine et le dégoût de l’humanité qui caractérisent Noothgrush !

Un peu plus de gaieté, encore que, m’attend sur la Mainstage 2 avec les très prog’ Evergrey. Les Suédois fêtent leurs 20 ans d’existence et viennent nous présenter leur « petit » dernier « The Storm Within ». Leur Dark Melodic Metal plait visiblement beaucoup car le pit est bien rempli en ce début d’après-midi déjà bien chaud météorologiquement parlant. En seulement 7 morceaux dont 2 issus de son dernier opus, Evergrey aura tôt fait de recruter de nouveaux fans et de prouver si besoin est qu’il a toute sa place sur la Mainstage !

J’avais découvert Avatar l’année dernière au premier Download parisien et je dois bien avouer que j’avais été très vite conquis par leur style bien à eux à la fois au niveau vestimentaire, scénique et bien sûr musical. Toujours maquillés et flanqués de leurs chaussettes à pompons, les Suédois proposent un spectacle digne du freakshow sur fond de hard et de métal d’excellente tenue. On aura droit à 8 morceaux dont l’excellent et entraînant « The Eagle Has Landed » (rien à voir avec Saxon !) issu de leur dernier album « Feathers & Flesh (In His Own Words) » et bien sûr le final et bien nommé « Smells Like A Freakshow » qui laisse le public pantois… Sans doute un des concerts pour ne pas dire LE concert de ce vendredi !

Retour au hard/métal/prog’ classique avec les légendaires Queensrÿche sur l’autre Mainstage. Je ne reviendrai pas sur la polémique qui court depuis le départ du groupe du vocaliste originel Geoff Tate en 2012 et son remplacement par le très bon Todd La Torre qui ressemble de plus en plus à Doogie White physiquement parlant, cela dit en passant… Les Américains nous ont concocté un véritable Best Of de leur longue carrière de 30 ans. On attaque avec le très efficace « Screaming For Digital » issu de « Rage For Order » de 1986, année où je les avais vus pour la première fois au Zénith parisien en 1ère partie de Bon Jovi, prenant une bonne claque musicale au passage… On enchaine avec « I Don’t Believe In Love » de l’incontournable « Operation : Mindcrime » de 1988 qui sera bien entendu très bien représenté dans la setlist. La preuve en est que retentit maintenant la bande de « I Remember Now » suivie du titre éponyme pour la plus grande joie des fans. Les deux guitaristes Parker Lundgren et Michael Wilton s’en donnent à cœur joie sur ce brûlot. Retour ensuite en 1983 à l’EP « Queensrÿche » et au titre culte « Queen Of The Reich » qui sonne définitivement très Maiden ! Todd pousse sa voix au maximum et le public reprend le refrain à l’unisson. On repart en 1990 avec « Empire » de l’album du même nom et je me remémore le concert de l’Elysée Montmartre de la tournée du même nom avec Lynch Mob en 1ère partie ! « Take Hold Of The Flame » de « The Warning » nous ramène en 1984 et nous donne une fois de plus l’occasion d’apprécier les talents vocaux de Todd… On termine en beauté avec « Eyes Of A Stranger », toujours extrait de Mindcrime décidément bien représenté et ce n’est que justice tant l’album est excellent ! Au final une prestation fortement appréciée de Queensrÿche qui a indiscutablement réussi son passage au HF 2017 !

Devin Townsend n’étant définitivement pas ma tasse de thé, je vais faire mon tour au Metal Market histoire d’acquérir quelques T-shirts. A mon retour ce sont les épouvantables Powerwolf et leur grotesque hurleur qui sont sur la Mainstage et je ne comprends désespérément pas le succès de ces bourrins sans talent, à fuir !

J’eus aimé voir les excellents Red Fang sur la Valley mais l’accès en est définitivement impossible. A quoi bon assister à leur prestation sur écran de l’extérieur du chapiteau car le son est perturbé par la scène voisine de l’Altar !

Je me rattrape avec Ministry sur la Mainstage. Je n’avais pas vu la bande à Al Jourgensen depuis l’Elysée de 2003 et je dois dire que j’ai de nouveau pris une grande claque avec eux… Le groupe de Chicago est toujours fidèle à son métal industriel et nous a offert là aussi un Best Of sans faille. De « Psalm 69 » à « Thieves » en passant par « Bad Blood » et le petit nouveau « Antifa », Ministry a littéralement laminé le public à coup de samples incendiaires, de guitares tranchantes et de vocaux apocalyptiques. De plus en plus proche à mon sens de Killing Joke, on peut dire sans hésiter que la prestation du groupe aura marqué cette première journée…

Dans un genre différent j’attendais beaucoup du groupe suivant tout droit venu de Pologne : Behemoth. Je les avais déjà vus à Clisson en 2010 et 2014 (et loupés en 2012 pour cause de passage trop matinal !) et à chaque fois j’avais été impressionné par la présence scénique de Nergal et ses acolytes. Le show est toujours impressionnant à base de flammes, de fumée et d’accoutrements divers et variés mais est un peu toujours le même à chaque passage ! Quant à la musique, j’ai trouvé la setlist un peu moins percutante que d’habitude et cette petite heure de show m’a parue un peu longuette au final. Bref un peu déçu par Behemoth en 2017 mais je continuerai à écouter leur black/death qui les met largement au-dessus de la concurrence selon moi…

Je les attendais de pied ferme d’autant que je n’avais pas pu les voir à Bercy quelques jours plus tôt et que les échos de la tournée étaient mitigés, c’est maintenant au tour de la tête d’affiche de ce vendredi de monter sur scène : Deep Purple, les vétérans du hard rock british. Leur premier et unique passage au Hellfest en 2014 fut littéralement calamiteux avec un Gillan totalement absent et le reste du groupe qui paraissait cachetonner avec une setlist indigne d’un festival de cette renommée ! J’en avais d’ailleurs gardé un goût amer car j’adore ce groupe depuis près de 45 ans… Même Status Quo avait été 100 fois plus convaincant quelques heures plus tôt… On aurait pu penser que cette Bérézina de la dernière fois leur aurait servi de leçon et bien pas du tout, le groupe a refait la même erreur. Bon les gars soyons clairs, quand on vient en festival au milieu de 160 autres groupes, on n’est pas là pour faire la promo du petit dernier (même s’il est plutôt bon !) mais pour jouer un Best Of absolu ! C’est d’autant plus vrai que cette tournée est censée être la dernière et donc on n’aura théoriquement plus l’occasion de vous voir live ici ou ailleurs… Donc attaquer avec « Time For Bedlam » qui ouvre le dernier album « inFinite » c’est une énorme connerie impardonnable ! Il aurait fallu un « Highway Star » ou un « Into The Fire » pour lancer la machine mais non, caramba encore raté ! Bon on se rattrape un peu avec « Fireball », « Bloodsucker » et surtout « Strange Kind Of Woman »… Petit hommage à Jon Lord avec « Uncommon Man » de 2013, titre sympa mais pas digne d’un Best Of de circonstance. Et paf on revient à la promo du nouvel album avec le très dispensable « The Surprising » qui endort l’assistance, mauvaise pioche ! Retour aux choses sérieuses avec un excellent « Lazy » qui remet enfin les pendules à l’heure, pas trop tôt. Répit de courte durée car c’est maintenant le 3ème extrait de inFinite qui déboule, « Birdprey », encore une fois pas un mauvais titre mais plutôt mou du genou et qui fait retomber la pression inutilement ! Et comme si cela ne suffisait pas, c’est maintenant un extrait de l’avant dernier album « Hell To Pay » dont tout le monde se contrefiche… A croire que leur label actuel Ear Music a institué un quota de chansons récentes pour enquiquiner leur maison de disque originelle EMI ! Et maintenant devinez quoi, c’est le solo de Don Airey aux claviers qui croit malin de nous jouer « Alouette Je Te Plumerai » pendant que Gillan va faire une sieste, on croit rêver (ou cauchemarder !)… Heureusement le groupe se rattrape avec « Perfect Strangers », pour le coup un vrai tube très attendu et apprécié des fans. « Space Truckin’ » est aussi un moment fort même si la voix de Gillan n’arrive plus à suivre quand il faut pousser dans les aigues. Arrive le moment que tout le monde attend, le célèbre « Smoke On The Water ».. On aurait pu s’attendre à une petite intro de Steve Morse pour déclencher l’hystérie par la suite mais non le blond guitariste attaque direct le riff comme s’il fallait en finir au plus vite, dommage ! Quelques-uns se risqueront à un slam sur le morceau histoire de monter leur satisfaction mais l’euphorie n’est décidément pas au rendez-vous ! Le groupe quitte brièvement la scène et revient assez vite pour 2 morceaux assez prévisibles : « Hush » et « Black Night » avant de disparaître définitivement. Pour un concert censé marquer les adieux de Deep Purple au public français on peut dire que ce n’était pas vraiment ça. Black Sabbath, Scorpions ou Twisted Sister, pour ne citer qu’eux, ont fait cela récemment avec beaucoup plus de panache et de fougue que nos Anglais qui se sont contentés du minimum syndical et encore !

Vite direction La Valley pour se rattraper avec Electric Wizard et son doom stoner vintage. Beaucoup de monde là encore pour assister à cette prestation incontournable. De « Witchcult Today » à « Funeralopolis » en passant par « Black Mass » et « Satanic Rites of Drugula », le quatuor fait montre d’une énergie peu commune et mérite bien son titre de « groupe le plus heavy du monde » !

J’évite soigneusement la Mainstage où le très mauvais Sabaton déverse sa bouillie infâme et me rend à la scène Temple pour Marduk et son black metal que j’apprécie depuis fort longtemps. Le quartet suédois est en grande forme et revisite son répertoire devant un public toujours impressionné par la puissance dévastatrice de ce groupe culte qui culmine avec le phénoménal « Panzer Division Marduk »…

Direction ensuite La Valley pour Monster Magnet et une bonne dose de stoner de derrière les fagots. Le chapiteau est comble pour assister au show des Américains qui s’annonce passionnant. Le groupe de Dave Wyndorf nous a concocté une setlist de rêve avec tous les tubes : «Dopes To Infinity », « Radiation Day », « Powertrip », « Look To Your Orb For The Warning », « Twin Earth”, “I Want More” , “Negasonic Teenage Warhead”, “Tractor” pour finir sur un “Space Lord” dantesque. Les fans sont aux anges et Monster Magnet clôture pour moi une première journée en demi-teinte. Je serais bien allé voir The Damned mais aller jusqu’à la Warzone après cette journée bien remplie me paraît au-dessus de mes forces d’autant que demain samedi la programmation est encore plus prometteuse…

Ma journée de samedi commence avec Phil Campbell & The Bastard Sons. J’aurais aimé aller voir Jared James Nichols, The Dead Daisies et Ultra Vomit dont on m’a rapporté le plus grand bien mais ces concerts le matin sont décidément difficiles quand on reste jusqu’à 2 heures du matin sur le site… Bon choix en tous cas que d’avoir pioché le guitariste de Motörhead pour attaquer car lui et ses fils sont en grande forme. Même le chanteur s’en sort vraiment bien. Pas mal d’extraits de leur EP sorti en 2016 dont les excellents « Big Mouth » et « Spiders » mais aussi et surtout des reprises de Motörhead : « Going To Brazil », « Born To Raise Hell » avec en guest Whitfield Crane de Ugly Kid Joe, l’incontournable « Ace Of Spades », « Killed By Death »… Un groupe bien soudé, avec 4 membres d’une même famille le contraire serait étonnant, qui joue pour le fun et un public ravi, que demander de plus ?

Mon groupe suivant devait être l’excellent Jorn mail il a été remplacé par les très moyens The Treatment qui m’avaient déjà saoulé au Raismes Fest il y a quelques années. Je me rends donc au plus vite à la Valley pour voir Bongripper, les rois du doom instrumental… Gros son en perspective ! Effectivement le groupe de Chicago est excellent dans son style et même si le public est clairsemé ceux qui ont daigné se déplacer en ont pris plein les esgourdes…

Retour à la Mainstage pour mes chouchous de Pretty Maids… C’est la seconde fois qu’ils passent au Hellfest mais il faut bien avouer que leur prestation de 2010 ne restera pas dans les annales tant Ronnie Atkins paraissait totalement bourré sur scène à l’époque ! Cette fois ci il a l’air en forme mais on ne pourra pas en dire autant de sa voix ; il a beau pousser dans les aigues rien n’y fait… J’avais déjà constaté cette faiblesse lors de son récent passage à Paris avec Avantasia mais là ça devient plus que limite. Dommage quand on sait que Ronnie possédait l’une des plus belles voix du hard depuis plus de 35 ans. Si on fait abstraction de la voix défaillante donc, Pretty Maids nous délivrera un Best Of très axé sur l’album «Future World » dont on fête les 30 ans cette année et qui demeure leur pièce maîtresse ! Ken Hammer, l’autre membre fondateur, assure toujours bien à la guitare malgré son embonpoint et les autres membres font le job comme on dit. Etant un fan du groupe depuis « Red, Hot & Heavy » que j’avais découvert quand je travaillais pour leur label CBS, j’étais en tous cas très heureux de les revoir une nouvelle fois 32 ans après mon premier concert d’eux au Zénith en 1ère partie de Saxon et 30 ans après leur retour en tête d’affiche dans ce même Zénith pour la tournée Future World justement !

Pour éviter les bourrins et ringards Steel Panther je file à la Warzone pour le seul et unique concert que je verrai là-bas et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de la révélation Frank Carter & The Rattlesnakes. Le groupe n’existe que depuis 2 ans mais il s’est déjà construit une solide réputation sur disque et sur scène… Avec 2 albums sous le bras « Blossom » et « Modern Ruin », Frank Carter a concocté une setlist très efficace : le punk rock « Juggernaut », les très efficaces singles « Lullaby », « Wild Flowers » et «Vampires », les hyper rapides « Paradise » et « Jackals » et les non moins réussis « Snake Eyes » et « Devil Inside Me »… Mais le morceau qui m’a le plus impressionné c’est le dernier du set «I Hate You» avec son texte scandé par un Frank Carter archi concentré et au taquet ! Le groupe a visiblement réussi son premier Hellfest et Frank remerciera chaleureusement son public et plaisantera sur son prochain passage « sur la Mainstage cette fois » !

Autre groupe très attendu et dont la popularité ne cesse d’amplifier : Mars Red Sky. Les Français proposent une musique originale très heavy/stoner d’où leur présence sur la Valley mais avec un chant très éthéré et planant qui les rapproche des groupes psychédéliques des années 60/70. Le public est venu en nombre pour découvrir de l’inédit et des extraits des premiers albums et EP des Bordelais. On est très vite fasciné et conquis par Mars Red Sky et je me promets bien de retourner les voir en tête d’affiche dès que l’occasion se présentera…

Mais pour l’instant je retourne à la Mainstage pour revoir Dee Snider, en solo cette fois, après les adieux très émouvants et réussis de Twisted Sister l’an dernier en ce même lieu ! Dee remplace au pied levé le groupe W.A.S.P. qui préfère se concentrer sur son nouvel album, dommage car on aurait bien aimé revoir la bande de Blackie Lawless mais a-t-on perdu au change ? Bilan mitigé à vrai dire… Ce bon vieux Dee va essayer de nous fourguer quelques extraits de son nouvel album solo qui n’est pas bien génial il faut bien le reconnaître… Il le dit lui-même à demi-mot quand il avoue qu’ « il préfère ne pas annoncer ses nouveaux morceaux car sinon tout le monde se barre » ! Il attaque avec le titre éponyme « We Are The Ones » qui ne soulève pas les foules puis passe directement à Twisted Sister avec « The Kids Are Back » de l’album « You Can’t Stop Rock’n’roll » de 1983. Le public commence à bouger un peu. Le groupe de Dee assure correctement sans faire d’ombre au leader, seule la magnifique bassiste attire tous les regards des mâles de l’assistance… Retour à l’album solo avec une ballade très moyenne « Close To You » qui endort le public. La tension remonte avec l’excellente reprise de Nine Inch Nails « Head Like A Hole » ; Dee nous explique qu’il est très heureux de pouvoir jouer ce genre de morceau avec des claviers car au sein de Twisted Sister l’absence de cet instrument l’empêchait d’explorer ces territoires musicaux ! Retour à TS avec l’incontournable « We’re Not Gonna Take It » avec son intro au piano comme sur l’album solo de Dee qui donne à cette chanson une dimension beaucoup plus intime et nostalgique avant de repartir sur la version « normale » beaucoup plus festive et rock’n’roll… Ensuite on oubliera bien vite ce « Crazy For Nothing » qui porte bien son nom avant de retenir l’hommage émouvant et bien heavy à Chris Cornell avec « Outshined » de Soundgarden, sublime moment qui éclipse le reste du concert ! Bon évidemment il y aura « I Wanna Rock » qui déclenche un beau mouvement de foule et pour finir le très politique « So What » qui laisse une impression de concert un peu bâclé !

On en vient à l’ « événement », enfin disons plutôt ce qui aurait pu en être un, à savoir la venue de Trust reformé au Hellfest 2017. Que dire sur ce concert si ce n’est que la guitare de Nono était quasi inaudible, que Bernie et son bob semblaient bien peu impliqués, que le reste du groupe est inexistant, que la setlist n’était pas à la hauteur de ce retour, que seule la version d’ « Antisocial » a une petite chance de rester dans les mémoires ! Retour raté, on passe à autre chose…

J’ai une affection particulière pour Saxon puisque c’est à ce jour le groupe que j’ai le plus vu dans ma vie de concert addict : 23ème concert de la bande à Biff au compteur ! Ce groupe reste pour moi LA référence du métal et de la NWOBHM et surclasse allègrement les Iron Maiden et consorts… Ce concert du Hellfest 2017 ne fera pas exception et les Britanniques nous sortiront une nouvelle fois le grand jeu : « Battering Ram », seul extrait du dernier album (mais quel extrait !), « Motorcycle Man », « Sacrifice », « Power & The Glory », « Battalions Of Steel », « 20,000 Ft », « Dogs Of War », « Heavy Metal Thunder », « 747 (Strangers In The Night) », « Crusader », « Wheels Of Steel », « Denim And Leather », « Princess Of The Night » ! Prenez-en de la graine Messieurs de Deep Purple et Trust ! Ca c’est de la setlist de festival… Et tout ça joué à 100mph ! Une fois de plus Saxon est venu et a vaincu… Gros triomphe pour Biff, Paul, Doug, Nibbs et Nigel devant un public en délire. Même notre copine en fauteuil roulant ne cessera de slammer tout au long du concert et Biff la rebaptisera « Wheels Of Steel ». Un grand moment de ce HF 2017 assurément !

Je quitte rapidement la Mainstage pour éviter la pâle copie d’AC/DC qu’est Airbourne et file à l’Altar pour voir Pain Of Salvation qui a sorti l’un des meilleurs albums de cette année « In The Passing Light Of Day » ! Je dois avouer que je me suis pris la claque du festival avec les rois du prog’ suédois. Une setlist aux petits oignons, des musiciens phénoménaux et un public en extase devant tant de talent… Toutes les conditions étaient réunies pour faire de POS un événement incontournable du festival. De « Full Throttle Tribe » au sublime « On A Tuesday » en passant par le heavy « Linoleum » et le mélodique « Ashes », rien à jeter, que du très haut niveau… Une de mes révélations de cette année !

Je reviens à la Mainstage pour la fin de Apocalyptica qui assure toujours le show avec ses reprises déjantées de Metallica et notamment la très douce version de « Nothing Else Matters » qui obtient un franc succès.

Tout le monde attend maintenant la tête d’affiche du jour : Aerosmith. Le groupe a annoncé que ce serait la tournée d’adieu (avant de se rétracter !) et c’est donc à un grand moment qu’on est en droit de s’attendre… Le dernier passage du groupe au HF il y a 3 ans avait déjà marqué les esprits du fait de la qualité du show et des prestations de Steven et Joe. Le concert de cette année sera peut-être un poil moins impressionnant mais restera cependant de très haut niveau. Grande complicité entre les musiciens et pas seulement entre les Toxic Twins car Tom Hamilton, Brad Whitford et Joey Kramer ne seront pas relégués au simple rôle d’accompagnants ! La setlist est énorme : de « Let The Music Do The Talking » qui reste mon morceau préféré du Joe Perry Project au monumental « Mama Kin » en passant par les reprises « Come Together », « Oh Well », « Stop Messin’ Around » chantée exceptionnellement par Joe sans oublier le tube planétaire « Walk This Way », l’incontournable « Dream On » ou « Sweet Emotion » ! On a droit à l’avancée de scène et au piano à queue, aux soli incandescents de Joe, aux roucoulades de Steven et son look de mamie bien rock’n’roll… Bref un très grand moment comme toujours avec Aerosmith !

J’eus aimé ensuite aller voir Suicidal Tendencies à la Warzone, non pas que je sois un inconditionnel du groupe mais il parait que le show vaut le détour surtout avec le grand Dave Lombardo derrière les futs ! Malheureusement impossible de passer au milieu de la marée humaine donc ce sera pour une autre fois !

La journée de dimanche devait être un peu plus relax en termes de concerts que le samedi pour ce qui me concerne car je n’avais repéré que 7 ou 8 groupes susceptibles de m’intéresser…

Démarrage sur les chapeaux de roue avec les fantastiques Black Star Riders. Je ne les avais pas vus depuis le très bon concert du Trabendo en 2013. Exit donc Marco Mendoza parti fonder The Dead Daisies présents un peu plus tôt sur le festival et remplacé par Robert Crane à la basse. Exit également Jimmy DeGrasso juste après la sortie du dernier album « Heavy Fire » et remplacé à la batterie par Chad Szeliga. Hormis ces changements de personnel, le groupe de Scott Gorham, ex-Thin Lizzy, reste fidèle à ses origines à savoir un rock burné et mélodique… La voix de Ricky Warwick est toujours plus proche de celle de Phil Lynott et en fermant les yeux, on se croirait à un concert de Thin Lizzy version 2017 ! On aura d’ailleurs droit à deux morceaux phare de ces légendes des 70/80 : « The Boys Are Back In Town » et « Whiskey In The Jar » chaleureusement ovationnés par les fans. Le reste de la setlist est une sélection des meilleurs morceaux des 3 premiers albums de Black Star Riders. Scott reste un peu en retrait et laisse les plus jeunes occuper le devant de la scène mais reste le pilier du groupe et surtout un des meilleurs guitaristes présents sur ce Hellfest 2017. Bref une entrée en matière très réussie en ce dimanche qui s’annonce torride…

Prochaine étape la Valley avec Pentagram. Grosse surprise, ce ne sont que 3 membres qui se présentent sur scène, point de Bobby. J’ignorais que celui-ci avait dû quitter le groupe quelques semaines plus tôt pour cause d’ennuis avec la justice… Sans lui, la scène paraît un peu vide et ses facéties manquent cruellement. La musique reste la même à savoir un doom puissant et très efficace puisque Victor, Greg et Pete sont toujours là mais j’ai un peu de mal avec cette nouvelle configuration du groupe US ! Je reste donc un petit quart d’heure avant d’aller voguer vers d’autres aventures…

Alter Bridge est sur la Mainstage mais je reste décidément hermétique au rock énervé de Myles Kennedy et Mark Tremonti. Heureusement c’est maintenant au tour de Blue Öyster Cult de fouler la scène de la Valley. En 2012 ils avaient joué sur la Mainstage mais n’avaient pas laissé un souvenir impérissable avec un set bâclé et sans saveur. Là ce sera tout à fait différent. Eric Bloom et Buck Dharma vont remettre les pendules à l’heure avec une vraie setlist en béton et une énergie que l’on croyait disparue au sein du BÖC 2017. Il faut dire que Richie Castellano que l’on avait trouvé fort discret la dernière fois a enfin pris son envol au sein du groupe et va délivrer des soli de guitare de toute beauté en complément de Buck Dharma notamment pendant « Then Came The Last Days Of May », un des meilleurs moments de ce concert. Les versions de « The Red And The Black », « Golden Age Of Leather », “Burnin’ For You”, “ME 262”, “Tattoo Vampire” n’ont rien à envier à celles d’origine et que dire de celles de « Godzilla », « Hot Rails To Hell » et « Cities On Flame With Rock’n’Roll » sinon qu’elles furent sublimes ! Quant au très attendu « (Don’t Fear) The Reaper » il déclenchera une belle hystérie dans la foule massée dans la Valley pour voir cette légende du rock qu’est BÖC !

Pendant ce temps sur la Mainstage, les Prophets Of Rage délivrent leur show visiblement très attendu. Ce groupe comprend des membres de Rage Against The Machine dont je n’apprécie guère le rap-métal, de Cypress Hill que je connais très peu et de Public Enemy que j’avais eu la chance de voir live il y a 30 ans à la Mutualité puis en 1990 au Zénith du temps où le hip-hop était encore politiquement incorrect… Voir ce package marketing nous la jouer « nostalgie » trop peu pour moi !

Je me rabats donc sur l’Altar et Metal Church dont j’apprécie beaucoup le tout premier album avec sa reprise de « Highway Star » de Deep Purple et que j’avais pu voir il y a 30 ans au Zénith en 1ère partie de Metallica et Anthrax. Visiblement de l’eau a coulé sous les ponts depuis les années 80 et le Metal Church de 2017 n’est plus tout à fait le même. Seul subsiste Kurdt Vanderhoof à la guitare. Le chanteur David Wayne que j’appréciais est parti et celui qui le remplace, Mike Howe, a un timbre de voix particulièrement énervant sur la longueur. Il n’en demeure pas moins que le set de Metal Church remplit ses promesses et c’est un plaisir de les retrouver en 2017 car ils sont rares dans nos contrées…

On en arrive à mon concert n°1 de ce Hellfest 2017 : Linkin Park. Je connaissais assez mal ce groupe apparu à la fin des années 90, estampillé nu metal et dont j’avais dû écouter Hybrid Theory à l’époque mais sans grande passion. J’avoue avoir été un peu surpris de les voir en tête d’affiche de cette édition 2017 mais après tout je ne demandais qu’à être convaincu et convaincu je le fus ! Dès le premier morceau on sent qu’on va avoir droit à un show d’exception : lightning de folie, son incroyable, groupe au taquet, setlist d’anthologie… Bien que ne connaissant que très peu le registre du groupe, j’avais l’impression de n’entendre que des tubes ! Les chanteurs Chester et Mike ont un talent fou et on comprend aisément leur succès auprès des demoiselles en extase. Le batteur est une véritable machine et est aussi capable de beaucoup de finesse quand il le faut. Mon heure passée en compagnie de Linkin Park a filé à toute vitesse à tel point que j’ai dû me faire violence pour partir vers la Valley et le show de Hawkwind que je ne voulais surtout pas manquer !

Bizarrement je n’ai en effet jamais eu la chance de voir ces légendes du space rock britannique en concert et c’était donc l’occasion rêvée de réparer cette lacune. Là encore je n’ai pas été déçu… Seul subsiste des débuts le génial Dave Brock mais le bougre sait s’entourer. Pas de danseuse dénudée sur scène comme au bon vieux temps mais toujours les projections d’images psyché en fond de scène ! Pas de « Silver Machine » au programme mais une setlist néanmoins éclectique et passionnante… Il faut dire que le groupe vient de sortir un nouvel album « The Machine Stops » et possède une discographie impressionnante dans laquelle il peut piocher à loisir ! Le public présent sur la Valley est assez âgé comme on peut s’en douter mais quelques plus jeunes se sont hasardés pour voir ces surprenants papys qui forment le Hawkwind 2017… Ambiance attentive et quasi mystique garantie !

On termine cette édition avec Slayer qui joue décidément à Clisson quasiment tous les ans. Toujours un réel plaisir de les revoir même si on commence à ressentir un peu de lassitude chez les membres du groupe thrash, notamment Tom Araya… Kerry King est toujours impassible mais diablement efficace. Gary Holt a toujours un peu de difficulté à s’imposer malgré le fait qu’il a remplacé Jeff il y a 6 ans maintenant. Quant à Paul Bostaph sa frappe est toujours impressionnante. La setlist est toujours peu ou prou la même mais c’est celle que les fans réclament alors à quoi bon bouder son plaisir ! Excellente manière de clôturer cette édition 2017 du Hellfest, pas la meilleure sans doute mais avec son lot de découvertes, de surprises et de bonne ambiance habituelle… Vivement 2018 !

Merci à Fabienne et Roger Wessier...

Report de Mr Olivier Carle

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